À Patuchev la transition vers l’IA sans intrant a débuté en 2017 grâce à l’effet bouc. Après 4 années d’inséminations suite au programme Éponge-Effet Bouc, les chèvres sont désormais inséminées après Effet Bouc seul. En 2023, ces deux programmes de préparation à l’IA représentaient environ 10 % des lots inséminés à l’échelle nationale.
Etat des lieux des pratiques d’insémination
L’insémination (IA) caprine en France représente plus de 65 000 inséminations. Cette pratique répond à plusieurs objectifs : 1) tout d’abord sanitaire en évitant l’introduction d’animaux extérieurs au troupeau, 2) tout en assurant un renouvellement de bonne qualité génétique et 3) permettre le fonctionnement du schéma de sélection. La majorité des exploitations insémine 20 à 50 % de leur troupeau, ce qui permet d’assurer une partie ou la totalité du renouvellement. La fertilité moyenne est d’environ 60 % et 2/3 des troupeaux ont une fertilité supérieure à 50 % qui peut varier selon la saison et la race. La pratique de l’IA est concentrée essentiellement de mars à mai et d’août à novembre. Il existe 4 programmes pour la pratique de l’IA : le Programme Hormonal de Synchronisation, le programme Eponge et Effet Bouc, le programme Effet Bouc ou les Chaleurs Naturelles. En 2022, ils sont utilisés respectivement à 92 %, 2,6 % et 5,4 % pour les deux derniers au niveau national
Vers moins d’hormones : quelles sont les solutions ?
Le Programme Hormonal de Synchronisation reste à ce jour majoritairement utilisé. Celui-ci est utilisable quelle que soit la saison et permet une reproduction à un moment prédéterminé. Le programme Eponge et Effet Bouc permet de substituer une partie du programme hormonal en intégrant des mâles actifs deux jours avant l’insémination et assure également des inséminations synchronisées à un moment prédéterminé. Il est nécessaire de respecter quelques bonnes pratiques autour de l’effet bouc pour permettre une réussite équivalente en termes de fertilité. Le programme Effet Bouc seul nécessite une détection des chaleurs, environ 80 % des chèvres viennent en chaleurs sur 5 jours, et sont inséminées suite à leur marquage. Ces deux derniers programmes sont utilisables sur les périodes où l’IA est majoritairement pratiquée.
Quels impacts sur les pratiques et les résultats ?
Quel que soit le programme choisi, pour assurer une fertilité optimale, le respect du programme (jours, horaires, quantités, dosages…) et le choix des chèvres (réussite à l’IA l’année précédente, l’écart entre la mise-bas et l’insémination, l’âge…) sont primordiaux. Pour le programme Eponge et Effet Bouc ou le programme Effet Bouc, la préparation des boucs est essentielle. La préparation à la reproduction des mâles (programme lumineux pour un désaisonnement, alimentation, réveil sexuel, effectifs…) doit respecter un programme adapté. Enfin, pour le programme Effet Bouc, la détection des chaleurs, qui est indispensable, nécessite de respecter certaines recommandations de méthode et d’horaires de détection. Le non-respect de ces recommandations peut affecter les résultats de fertilité : une étude dans une cinquantaine d’exploitations a montré une dégradation de près de 30 points de fertilité quand les recommandations ne sont pas suivies.
Témoignage de Patuchev engagé dans la démarche depuis 2018
Le dispositif Patuchev a engagé une démarche progressive pour pratiquer l’IA sans intrants depuis 2018 par le recours à l’effet bouc. Tout d’abord, avec le programme Eponge et Effet Bouc, puis Effet Bouc seul. Même si les résultats de fertilité sont inférieurs aux résultats nationaux moyens, par certaines conduites spécifiques à ce site, l’expérience de Patuchev montre une fertilité équivalente quel que soit le programme de préparation à l’insémination, et cela dans tous les systèmes. En ne prenant que les chèvres respectant les recommandations physiologiques pour une fertilité optimale, celle-ci atteint la moyenne nationale. En terme d’évolution des pratiques, après l’augmentation du nombre de bouc, où les vasectomisés ont été privilégiés, l’observation de leur niveau d’activité a été un point-clé de la réussite tout comme l’organisation de la détection des chaleurs des chèvres.
Intervenant.e.s : Alice FATET, Evelyne BRUNETEAU et Benjamin ROUET (INRAE), Lisa JOHNSON et Cédric DESEMERY (INNOVAL), Fabrice BIDAN et Emma Gueguen (IDELE), Jean-Luc BONNÉ (Capgènes)