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Journée REDCap en Anjou chez Raphaël Brunet

Journée REDCap en Anjou chez Raphaël Brunet

Produire du lait de chèvre à l’herbe et en valorisant des aliments produits sur l’exploitation

Le jeudi 19 mars 2015, une quinzaine d’éleveurs et techniciens du réseau REDCap (Réseau d’Expérimentation et de Développement caprin) se sont retrouvés à Saint-Hilaire-Du-Bois (49), chez Raphaël Brunet. La matinée a permis une présentation des résultats obtenus dans le REDCap en 2014 ; la visite de l’élevage sur les thématiques de la valorisation de la prairie multi-espèces et des mélanges céréales-protéagineux dans l’alimentation des chèvres a complété cette journée.

Le REDCap est un programme de R&D porté par la filière caprine et les structures de développement de Poitou-Charentes et Pays de la Loire sur les thématiques de l’autonomie alimentaire et l’alimentation à l’herbe, en lien avec le dispositif expérimental Patuchev. Une trentaine d’élevages de chèvres est suivi depuis 4 ans, afin de construire des références technico-économiques sur les systèmes caprins herbagers. Les données 2013 ont permis de montrer que les élevages du REDCap valorisent plus les aliments produits sur l’exploitation (82 % d’autonomie alimentaire) et l’herbe (67 % de la ration), en comparaison des fermes du réseau INOSYS-Réseau d’Elevage Ouest (respectivement 52 % d’autonomie et 40% de fourrages). Les élevages herbagers parviennent à limiter le coût de l’alimentation des chèvres (355 €/1000L, soit 25 € en moins que les références INOSYS), tout en produisant moins de lait par unité de travail (15 000 L/UTH caprin de différence). La rémunération permise par l’atelier caprin est de 34 € par 1 000 l de lait produit supérieure aux élevages de référence. Les éleveurs herbagers du REDCap parviennent ainsi à dégager 1,5 SMIC par UMO exploitant en moyenne, soit 5 900 € de revenu supplémentaire par exploitant et par an, comparé aux éleveurs des fermes de référence !

La journée s’est poursuivie par une visite de l’élevage de Raphaël Brunet, co-présentée avec Elevage Conseil Loire Anjou. La SCEA Brunet est une exploitation en polyculture élevage (63 ha de SAU), avec un atelier de production de lait de chèvres (210 chèvres, 190 000L de référence) et un atelier d’engraissement de chevreaux. Un salarié est également partagé avec quatre autres agriculteurs, au sein d’un groupement d’employeurs. L’élevage est suivi dans le cadre du projet REDCap depuis 2012. En 2014, l’autonomie alimentaire de l’exploitation atteint 76 %, grâce à une ration à base d’aliments produits sur l’exploitation (71% de la ration est sous forme de foin ventilé, et l’éleveur distribue moins de 380g/L, soit 310 kg/chèvres de concentrés et déshydratés !). En maintenant un niveau de production laitière d’environ 850 L/chèvre, l’éleveur parvient à se dégager une marge brute de 466€/1000L (chiffre 2013 d’INOSYS Réseau d’Elevage Ouest : 374€/1000L).

Installé depuis 1997 sur l’exploitation familiale, Raphaël a choisi d’investir dans un séchage en grange en 2011, afin de produire du foin de qualité et appétent, tout en valorisant le potentiel productif de ses prairies. Le séchoir est une véritable assurance récolte pour l’éleveur, qui a par ailleurs augmenté de 40% la production de ses prairies depuis la mise en place du séchoir. Il a également choisi de cultiver des prairies multi-espèces à base de luzerne, fétuque, trèfles (blanc, violet et hybride), fléole et RGH. Outre ses propres mélanges prairiaux, Raphaël participe depuis l’automne aux essais de construction de prairie multi-espèces adaptée aux chèvres et aux contextes pédoclimatiques régionaux réalisés dans le cadre du REDCap. Neuf éleveurs de chèvres ont implanté à l’automne 2014 et au printemps 2015, quarante-cinq hectares de deux mélanges prairiaux, co-construits avec des techniciens caprins, des éleveurs et des experts de la prairie. L’objectif est de suivre en ferme l’évolution de ces prairies sur plusieurs années. 6 hectares de mélange prairial à base de fétuque élevée, fléole, ray-grass anglais, luzerne, trèfle violet et blanc et lotier sont implantés depuis la fin de l’été dans une parcelle hydromorphe de l’exploitation. Mais attention, le séchoir reste un investissement important, qui nécessite une maîtrise technique de la conduite des prairies, du séchoir et de l’alimentation des chèvres ! Se faire accompagner dans son projet et échanger avec des éleveurs disposant de ces installations est un préalable nécessaire que rappelle l’éleveur.

Par ailleurs, l’éleveur cultive depuis deux ans des mélanges céréales-protéagineux à base d’orge, avoine et pois, pour l’alimentation du troupeau caprin. L’année dernière, le mélange 40 % d’orge, 30 % d’avoine et 30 % de pois a permis de récolter 62 quintaux/hectare d’un aliment à 17.5% de MAT constitué à 80% d’orge et 20% de pois. Satisfait de ce premier essai, l’éleveur continue d’affiner son mélange pour en augmenter la teneur en protéines, et a implanté à l’automne un méteil à base de 64% de triticale, 27 % de lupin, 6% d’épeautre et 3 % d’avoine. Affaire à suivre !

La journée se termine et Raphaël Brunet rappelle son engagement pour promouvoir les systèmes caprins herbagers. Il va ainsi poursuivre son travail sur l’autonomie alimentaire, la valorisation du foin ventilé et du méteil dans la ration des chèvres, dans un objectif de limiter le coût de l’alimentation du troupeau. Sa prochaine réflexion ? Un possible passage en agriculture biologique du troupeau caprin…