C’est une évidence mais pour avoir du choix pour son renouvellement, il faut qu’il y ait eu plus de chevrettes, nées groupées et à la bonne période, que le strict nécessaire au renouvellement du troupeau. Cette sélection va permettre d’optimiser le gain génétique. Mais pour y parvenir, il faut maîtriser sa reproduction : limiter l’étalement des mises-bas et s’assurer qu’elles arrivent au bon moment pour que l’intégration des lots de chevrettes au système soit la plus fluide possible. Optimiser sa fertilité repose sur deux éléments-clés : le bon casting et une bonne préparation. Le choix des reproducteurs doit s’appuyer en premier lieu sur la physiologie (réussite à la reproduction précédente, délai depuis la dernière mise-bas…) puis sur la génétique (index, performances) et sur l’état général. Il faudra veiller à avoir une alimentation équilibrée et au suivi des recommandations de mise à la reproduction afin d’assurer une bonne préparation des reproducteurs. C’est aussi un élevage des jeunes maîtrisé Le coût du renouvellement pèse dans le coût de production mais c’est à la fois un amortissement du troupeau et un investissement pour la production future. La maîtrise des différentes phases d’élevage est essentielle pour que les chevrettes arrivent en première lactation et expriment pleinement leur potentiel. Pour cela, il faut assurer une croissance soutenue et régulière en surveillant les étapes clés : le poids à la naissance, à 1 mois, au sevrage, à 4 mois, à 7 mois et à la première mise à la reproduction, ainsi que le GMQ entre ces âges-types. À chaque étape, il faut peser, alloter et ré-alloter si nécessaire. Si la croissance a été suffisamment soutenue, à 7 mois, on arrive à grouper les saillies avec une fertilité excellente et les animaux sont suffisamment développés pour porter 2 chevreaux et faire 80 % du lait des adultes. Pour ne rater aucun de ces rendez-vous, il faudra être vigilant et adapter – à chaque période – l’alimentation et les conditions de logement avec une santé maîtrisée. Une bonne maitrise de l’élevage des jeunes permet de garantir l’expression de leur potentiel, mais pour garantir un bon potentiel il faut aussi avoir bien sélectionné les animaux en amont.
Un renouvellement choisi sur les bons critères permet d’augmenter la pression de sélection dans le troupeau. Le choix du renouvellement se fait à deux niveaux : avant la reproduction par le choix des reproducteurs et après les mises-bas lors du choix des chevrettes à garder. À ces deux niveaux, il faut privilégier les critères transmissibles à la génération suivante : s’ils sont disponibles, sélectionner sur les index plutôt que sur les performances. Les index sont une estimation de la valeur génétique d’un individu d’après ses performances, les performances des apparentés, les effets milieux. Ils permettent de comparer les animaux entre eux et de sélectionner avec plus de fiabilité. Pour faire le choix de son renouvellement, il faut donc avoir choisi un objectif de sélection pour son troupeau, veiller aux oppositions génétiques et surtout maintenir le même objectif sur plusieurs campagnes pour avoir le temps d’en voir les effets. Il faut deux ans pour que les chevrettes issues d’un choix de reproducteurs entrent en production ! Pour pouvoir choisir efficacement son renouvellement, il faut connaitre au mieux ses animaux : pour les adultes cela passe par le contrôle de performance ou les index, et pour les chevrettes par un suivi des filiations.
Les filiations offrent de multiples avantages : une meilleure connaissance des animaux par la voie femelle et la voie mâle, la possibilité de mieux gérer la con-sanguinité, une meilleure évaluation génétique et une meilleure précision des index. Mais elles sont en recul constant depuis plus de 10 ans.
Quelques recommandations peuvent permettre d’assurer les filiations au sein de son troupeau et donc d’en bénéficier pour son renouvellement. Avec l’insémination, la reproduction est gérée de façon individuelle, les accouplements sont choisis et l’enregistrement du bouc utilisé permet la filiation. En saillies naturelles, il est possible de filier ses mises-bas en faisant des lots avec un seul bouc (un bouc pour 25 à 30 chèvres en monte libre, 5 chèvres par bouc par jour en synchronisation). Sur les chèvres, les principales contraintes pour la mise en place de ces lots de reproduction sont liées aux possibilités du bâtiment et aux lots de traite. Ces contraintes sont souvent moins présentes pour les lots de chevrettes, qui sont de plus un excellent support génétique de renouvellement. Afin de ne pas pénaliser la fertilité et le groupage des mises-bas, il peut être possible de n’utiliser qu’un bouc sur le premier cycle et d’augmenter le ratio de mâles pour les cycles suivants. Il est essentiel de combiner ces pratiques avec une bonne maîtrise du chantier de mises-bas pour ne pas perdre d’informations. Ciblez en priorité la filiation des animaux servant au renouvellement et à la vente de reproducteurs, il peut être inutile d’assurer 100% de filiations !
Intervenants : Alice Fatet (Inra), Lisa Johnson (Evolution), Lynda Jourdain (Deux-Sèvres conseil élevage), Jean-Luc Bonné (Capgènes), Fabrice Bidan (Institut de l’élevage)