En France, les fourrages, verts ou conservés, constituent en moyenne 68 % de la ration des chèvres. Cette part varie selon les régions en fonction des conditions climatiques et des potentialités des sols. Cette part peut atteindre 75 % pour les systèmes pâturant. L’herbe est la ressource fourragère la plus naturellement adaptable aux différentes conditions pédoclimatiques françaises. Ainsi, elle peut répondre directement aux exigences d’autonomie alimentaire et économiques des élevages caprins, à l’occupation des surfaces et des territoires et enfin à la qualité des fromages (Martin et al. (2009) et Ferlay et al. (2013)).
Economique – Incorporer plus d’herbe réduit la sensibilité des élevages caprins à la volatilité des prix des aliments concentrés et contribue à la réduction globale du coût de production du lait, et à l’amélioration du revenu. Aujourd’hui et demain, l’enjeu pour les systèmes herbagers est l’adaptation aux aléas climatiques. Des travaux sont en cours pour sécuriser ces systèmes.
Social - Il est important de maintenir une filière de production de lait de chèvre en phase avec les attentes et exigences des consommateurs-citoyens qui souhaitent : une production durable, ancrée au territoire, respectueuse de l’environnement et rémunératrice pour les producteurs. Développer l’autonomie alimentaire et les systèmes alimentaires herbagers est de nature à augmenter la durabilité des élevages caprins en confortant la bonne image des produits laitiers. Enfin, des exploitations caprines plus autonomes, économiquement viables et mieux intégrées dans leur milieu et leur filière représentent des atouts à faire valoir pour susciter de nouvelles installations ou des reprises d’exploitations plus nombreuses. D’un point de vue travail, certains systèmes herbagers peuvent apparaitre gourmands en temps de travail mais aujourd’hui, les solutions sont nombreuses pour réduire le temps et améliorer les conditions de travail.
Environnemental - L’augmentation de la part d’herbe dans la ration des chèvres et le développement de l’autonomie alimentaire permettront de limiter les besoins en intrants alimentaires, et donc les émissions de Gaz à Effets de Serre (GES) liées à la fabrication et au transport des aliments composés. A condition bien sûr que les systèmes mis en place soient optimisés sur le plan technique. Une partie des émissions brutes de gaz à effets de serre est en plus piégée par les prairies qui contribuent aussi à réduire la charge phytosanitaire et à préserver la biodiversité.
L’herbe (luzerne, graminées, mélange graminées-légumineuses) est majoritairement conservée sous forme de foin. Elle peut aussi être récoltée sous forme d’enrubannage, d’affouragement et bien sûr de pâturage.
Les systèmes à dominante foin Résultats recueillis en élevages : Coût global de l’alimentation dans la moyenne avec un coût plus faible pour les systèmes à dominante foin de légumineuses. Forte variabilité des coûts à mettre en relation avec la proportion de légumineuses dans les foins. La qualité du foin est capitale dans ces systèmes. Le fourrage doit constituer la ration de base et au-delà de la quantité de foin récoltée, il est nécessaire de produire un foin ingestible et ingéré si l’on veut produire du lait et réduire les quantités de concentrés distribuées. Lorsque l’éleveur adopte la stratégie de faire consommer un maximum de foin par le troupeau, il lui est recommandé de distribuer au moins un type de foin à volonté avec des refus consommables présents à l’auge avant la distribution suivante. Le comportement de tri alimentaire des chèvres peut permettre de faire ingérer davantage de foin. Cela est d’autant plus vrai que le foin est de qualité médiocre, hétérogène et facilement triable. Mais l’ingestion supplémentaire doit être sans danger pour la santé de la chèvre. La capacité à bien faire ruminer, liée à la fibrosité de la ration, doit être sauvegardée en évitant trop consommation de feuilles au détriment des tiges.
Les systèmes à dominante pâturage Résultats recueillis en élevages : forte variabilité des coûts, certains éleveurs en phase d’apprentissage, pas encore en rythme de croisière. Moins de lait par chèvre que dans les autres systèmes alimentaires. Un poste « aliments achetés » le plus faible mais un coût global pénalisé par la mécanisation (à mettre en relation avec le litrage produit). Système qui résiste le mieux à l’envolée du prix des aliments. L e pâturage assure un fourrage dont les valeurs sont à peu près équilibrées en énergie et en matières azotées. Les graminées au stade feuillu contiennent environ 0.95 UFL et 100 g de PDI par kg de matière sèche, ce qui permet des économies d’azote. L’ajustement de la surface à pâturer et la gestion du parasitisme sont les clefs de la réussite dans ce système. Offrir aux chèvres, une herbe au stade optimal garantit un bon niveau d’ingestion et une bonne qualité de l’ingéré. Il faut prévoir suffisamment de surfaces mais savoir écarter des parcelles pour ne pas être débordé. La pratique du pâturage nécessite la mise en place d’un plan d’action préventif et curatif du parasitisme. Un emploi raisonné des anthelminthiques et une gestion intégrée du pâturage doivent permettre d’éviter les problèmes.
Les systèmes à dominante affouragement en vert Résultats recueillis en élevages : Profil du coût global de l’alimentation proche de celui du pâturage avec plus de lait par chèvre. Vis-à-vis du pâturage, ce système permet d’exploiter des parcelles plus éloignées et de s’affranchir des difficultés liées au parasitisme. Comme pour les élevages au pâturage, offrir aux chèvres, une herbe au stade optimal garantit un bon niveau d’ingestion et une bonne qualité de l’ingéré. Au-delà de 10% de refus, il faut changer de parcelle et prévoir de récolter le reste sous forme d’enrubanné ou de foin.
Intervenants : Nicole Bossis (Institut de l’élevage), Coline Bossis (CA 86), Romain Lesne (Ardepal), Ariane-Pia Sagette (CopAvenir), Leïla Le Caro (CA Bretagne), Manon Bourasseau (Civam du Haut Bocage), Angélique Roué (CA 79)