Terre des Chèvres
REDCAP Journées de l'herbe Luzerne en fleur - journées de l'herbe - septembre 2011 Chèvre saanen au pâturage Chèvres saanen
Région Nouvelle-Aquitaine CRDC - Centre de Ressources et de documentation caprine FRCAP - Chevriers Nouvelle-Aquitaine - Vendée BRILAC Conseil Régional des Pays de la Loire L'Europe s'engage en Nouvelle-Aquitaine Résilience des systèmes d'élevage caprins de Nouvelle-Aquitaine - L'Union européenne, le fond européen agricole pour le développement rural et la Région Nouvelle-Aquitaine investissent dans les zones rurales
Atelier 5 : Quelles recommandations pour un pâturage optimisé et maîtrisé ?

Atelier 5 : Quelles recommandations pour un pâturage optimisé et maîtrisé ?

A Patuchev, les chèvres du système saisonné produisent au printemps 4 kg de lait par jour avec 100 % d’herbe pâturée et 800 g de concentrés, composés principalement de méteils. Les parasites gastro-intestinaux sont bien présents mais quelle conduite de pâturage permet de maximiser la production laitière, la part d’herbe pâturée tout en gérant le parasitisme ? Nous en parlerons ensemble.

Les indicateurs pour un bon pâturage

Les premières sorties au pâturage des chèvres des systèmes SP et DP ont eu lieu en mars 2013. Jusqu’à cette date, les chèvres avaient eu une conduite exclusivement en bâtiment. Nous avons constaté que l’apprentissage était rapide puisqu’en 3 semaines l’ensemble des chèvres pâturait. Ces résultats ont été confirmés par les travaux de Charpentier et Delagarde (2016) lors de la première sortie au pâturage des chèvres du site expérimental INRAE du Rheu (35).

Les chèvres ont une grande capacité à pâturer efficacement. En huit heures de pâturage, elles peuvent ingérer jusqu’à 2,5 kg de MS, soit 100 % de la ration fourragère. Des essais méthodologiques pour quantifier l’herbe ingérée ainsi que des essais factoriels conduits à INRAE sur le temps d’accès aux parcelles, la quantité d’herbe offerte, la variabilité inter-individuelle des niveaux d’ingestion ou l’accès à des abreuvoirs au pâturage ont permis de déterminer qu’une chèvre était capable d’ingérer en moyenne 1,8 kg de MS d’herbe en 9 h d’accès (7 h de pâturage par jour) et de produire en moyenne 3,3 kg de lait par jour. A Patuchev, les chèvres du système SP produisent au printemps un peu plus de 4 kg de lait par jour avec 100 % d’herbe pâturée, aucun fourrage complémentaire et 800 g de concentrés par chèvre et par jour, composés principalement de méteils.

Une évolution pas-à-pas de la conduite du pâturage

La technique de pâturage a évolué au cours du temps. Initialement, dans l’optique de stimuler l’ingestion, le troupeau constitué d’environ 60 chèvres alternaient quotidiennement entre 2 paddocks de 0,5 ha durant 7 jours et revenaient sur ces mêmes paddocks après 7 jours de repos. Suite à ces 2 exploitations en pâturage, les paddocks étaient fauchés 2 à 3 semaines après la sortie des chèvres. Cette technique visait à limiter la charge de travail en utilisant des paddocks définis. Le constat a été rapidement fait que l’avancement sur chacun des paddocks était trop lent et que la prairie perdait en qualité.

Sur la période 2016-2019, le choix a été fait d’utiliser 1 paddock de 0,5 ha sur une durée maximale de 7 jours. Pour une utilisation optimale, les chèvres séjournaient 2 jours sur un sous-bloc de 0,25 ha, puis 2 jours sur le 2e sous-bloc et enfin 2 à 3 jours, selon l’herbe disponible, sur l’ensemble du paddock. Cette technique présentait également l’avantage d’avoir à gérer qu’un seul 1 et de l’enlever entre les 2 sous-blocs de 0,25 ha. Après 4 années, nous avons également constaté que cette technique n’était pas totalement satisfaisante car il y avait une perte de fourrage sur pied et qu’il était nécessaire de mieux « finir » la parcelle pour permettre une meilleure repousse.

A partir de 2020, la technique du pâturage au fil avec l’ajout d’un fil arrière après 3 ou 4 jours a été mise en place. Cette technique prouve toujours actuellement son efficacité et permet aux chèvres du système saisonné de pâturer en moyenne 163 jours par an, dont 68 jours sans aucun autre apport de fourrage, et une durée moyenne de temps d’accès de 7 h par jour. Quant au système en contre-saison, les chèvres pâturent en moyenne 133 jours par an avec un temps d’accès quotidien moyen de 5 h 35. La part d’herbe dans la ration annuelle représente ainsi en moyenne 24 et 11 %, respectivement.

Une gestion intégrée du parasitisme gastro-intestinal

Une combinaison de choix techniques tels que, des rotations culturales de longue durée, le pâturage tournant rapide, l’épandage de compost sur les prairies plutôt que du fumier, et des traitements ciblés at été mise en place pour gérer le niveau d’infestation par les strongles gastro-intestinaux. La technique de pâturage alterné mise en place sur la période 2013-2019, associée à une alternance d’exploitation pâturage/fauche, visait à obtenir un temps de repos d’au moins 45 jours entre deux exploitations de pâturage et à interrompre ainsi le cycle de développement du parasite. Cependant, cette solution rend la gestion du parcellaire plus difficile et ne semble pas avoir limité l’infestation. Dès la première année de pâturage, des analyses coproscopiques ont montré une infestation par des strongles tels que Oesophagostomum, Teladorsagia et Trichostrongylus et le niveau d’excrétion d’œufs par gramme de fécès (OPG) n’a cessé de croire depuis, en particulier pour les chèvres du système saisonné.

Un traitement systématique est réalisé au tarissement pour chaque troupeau pâturant pour limiter l’éventuel impact négatif de l’infestation sur la fin de gestation. Pour limiter les phénomènes de résistance aux anthelminthiques, des traitements ciblés ont été mis en place au cours de la lactation sur les chèvres excrétant plus de 750 OPG, en alternant les familles de molécules. Malgré ces précautions, une résistance aux benzimidazoles a été détectée dès 2019, et aujourd’hui, seules les avermectines présentent encore une efficacité mais pour quelle durée ?

Sur la période 2018-2021, des essais ont permis d’évaluer l’utilisation de plantes à action anthelminthique, tels que le sainfoin, en condition d’infestation naturelle. Que cela soit sous forme de foin, au pâturage ou sous forme de déshydratés, les résultats ont montré une légère baisse du niveau d’œufs excrétés quand les chèvres consommaient du sainfoin, mais sans que cela puisse se substituer à un traitement anthelminthique.

Aujourd’hui, pour gérer ce parasitisme, la gestion de blocs présentée dans le guide du pâturage caprin édité en 2021, combinée à un chargement moyen de 6 à 7 chèvres par hectare de prairies, constitue la piste à privilégier pour maitriser l’infestation, et limiter l’usage d’anthelminthique. L’objectif est que les chèvres ne passent pas plus de deux fois dans l’année sur les parcelles d’un même bloc. Ceci peut être facilité par la mise en place de mélanges prairiaux adaptés avec une pousse selon la saison de pâturage (printemps, été, automne). Il reste toutefois des pistes à explorer pour disposer de fourrages en fin d’été ou à l’automne en utilisant par exemple l’agroforesterie ou le pâturage de sorgho.

Intervenant.e.s : Hugues Caillat, Rémy Delagarde et Damien Capo (INRAE), Carine Paraud (ANSES), Meghan Gonzalez (Seenovia), Bénédicte Sanseau (Civam HB), Vincent Lictevout (Idele)

Documents

CAPVERT - atelier 5

CAPVERT - atelier 5

PDF 22 Mo