Depuis une quinzaine d’années, les élevages caprins se sont intensifiés entraînant une hausse croissante des intrants. L’un des enjeux est de favoriser la recherche d’autonomie alimentaire et protéique et pour cela, l’utilisation de la prairie multi-espèces a été identifiée comme une priorité par les éleveurs et les techniciens. Cependant, des lacunes existent sur des références régionales sur les prairies multi-espèces valorisées par les caprins. L’objectif fixé dans le cadre du projet PSDR Flèche et du réseau REDCap était donc de proposer un (ou des) mélange(s) prairial(aux) adapté(s) aux chèvres, aux conditions pédoclimatiques régionales et aux différents systèmes fourragers.
La prairie multi-espèces pour renforcer l’autonomie alimentaire et protéique La luzerne et le trèfle violet sont les principales légumineuses utilisées dans l’alimentation des chèvres. Toutefois, en conditions de cultures défavorables ou dans une optique de prairies plus pérennes, les mélanges prairiaux peuvent être une alternative intéressante. L’implantation de prairies multi-espèces est un des leviers techniques pour renforcer l’autonomie alimentaire et protéique des élevages caprins. Cela permet d’étaler la production dans le temps, d’allonger la pérennité de la prairie, d’améliorer la valeur alimentaire des fourrages, de maintenir une sécurité fourragère, et de diminuer les intrants. Fort de ce constat, sur le dispositif INRAE FERLus-Patuchev et dans le réseau REDCap, il a été décidé de suivre des mélanges prairiaux, afin d’obtenir de nouvelles références et de mieux conseiller les éleveurs de chèvres sur leurs choix de prairies multi-espèces.
En complémentarité de mélanges orientés pour la fauche ou pour une utilisation mixte pâturage-fauche mis en place sur le dispositif Patuchev depuis 2011, 3 séries d’essais en élevages ont été entreprises de 2012 à 2019. Un mélange (PM1) a été co-construit par les différents acteurs du REDCap, puis affiné en 2015 (PME2) et 2017 (PME3).
Pour cerner au mieux les attentes et préoccupations des éleveurs de chèvres du Grand Ouest, deux séries d’enquêtes ont été menées respectivement en 2016 et 2017. Deux panels d’éleveurs impliqués dans les essais du REDCap (27 éleveurs) ont été visés : (1) des expérimentés de la prairie multi-espèces dans un premier temps, et (2) un public plus varié d’habitués et novices dans un second temps.
Concernant la prairie multi-espèces, deux niveaux ressortent. Le premier concerne le fourrage qui en est issu. La teneur en légumineuses est la préoccupation majeure. Les éleveurs l’espèrent suffisante pour améliorer la valeur nutritive du fourrage et/ou l’équilibrer. Des fonctions secondaires sont mentionnées (ex : productivité, appétence).
Les éleveurs interrogés voient aussi dans la prairie multi-espèces des avantages dans la conduite de la parcelle et du système fourrager. Ils cherchent à sécuriser leur système grâce à la prairie multi-espèces soit par une production plus étalée sur l’année (attente des pâturants), soit par une utilisation plus souple (date et mode de récolte). C’est aussi une prairie perçue et attendue comme plus pérenne, couvrant la parcelle de manière homogène et donc réduisant la concurrence des adventices.
Chaque année depuis 2013, un suivi a été réalisé au printemps, juste avant la deuxième exploitation. Ce suivi ponctuel consiste à réaliser dans 6 quadrats par parcelle (0,25 m²) : i/ une composition botanique exhaustive, ii/ une estimation de la production d’herbe (hauteur d’herbe et densité du couvert), iii/ une analyse biochimique de la valeur alimentaire de l’herbe verte. L’itinéraire technique de la prairie est également enregistré. Le rendement est estimé à partir de la densité mesurée du couvert et d’une hauteur de fauche de 5 cm (valeur herbomètre) Les références produites par ces essais de prairies multi-espèces ont été communiquées de plusieurs manières dont notamment un compte instagram. Nous vous proposons quelques exemples ici ! N’hésitez pas à aller visiter le compte :)
Lors des premières années de suivi, les éleveurs ont montré leur satisfaction sur les mélanges utilisés mais regrettaient leur manque de pérennité. Il a été fait le choix de retirer du mélange des espèces peu adaptées aux systèmes d’élevages bas-intrants notamment le brome, absent des relevés mais aussi nitrophile et difficile d’implantation de par son PMG supérieur aux autres espèces de maintenir les légumineuses dans le temps pour conserver leurs fonctions, en augmentation leur dose au semis d’approfondir l’impact de la conduite technique (semis, stratégie de fertilisation, stades de récolte, gestion de la 1ère exploitation et de son salissement) de sensibiliser sur le stade de récolte de la prairie pour assurer la qualité du fourrage consommé par les chèvres L’évolution des mélanges REDCap de 2012 à 2017 s’est accompagnée d’une nette amélioration de l’équilibre des espèces. Quelques défauts ont pu être constatés, notamment la difficulté à pérenniser la luzerne dans le mélange lorsque les conditions ne lui sont pas favorables. À ce titre, trois axes d’amélioration sont identifiés : Veiller à la cohérence entre le mélange d’espèces, la parcelle et la conduite technique, à l’image de l’expression de la luzerne Affirmer la part de légumineuses, par l’association de 3 types de trèfle blanc sur terrains hydromorphes et avec une conduite non favorable à la luzerne Simplifier la base des mélanges et préconiser des espèces pour des contraintes pédoclimatiques spécifiques.
==> Notre parcours pédagogique est maintenant fini ! Merci d’y avoir participé :) Si vous souhaitez en apprendre plus sur les suivis de prairies multi-espèces réalisés par le REDCap, n’hésitez pas à lire notre synthèse technique. Vous pouvez aussi télécharger notre plaquette sur les prairies multi-espèces ici.