"De l’herbe pour les chèvres, des euros supplémentaires pour l’éleveur !"
Aujourd’hui, la plupart des élevages caprins sont moins autonomes que les autres productions herbivores. Quand l’autonomie alimentaire globale est en moyenne de 85 % en élevage bovins lait, elle n’est que de 70 % chez les caprins livreurs de lait et de 55 % chez les fromagers (chiffres Institut de l’Élevage). La quantité d’herbe utilisée dans les rations affecte directement l’autonomie alimentaire et économique des élevages, l’occupation des surfaces et la qualité des produits. Par ailleurs, l’herbe sous forme de foin, ne constitue qu’un appoint fibreux dans la ration des chèvres et donc est souvent sous-utilisée (pour exemple, l’herbe représente 40 % de la ration des chèvres dans le réseau Grand-Ouest d’INOSYS-Réseaux d’Élevage – valeur moyenne entre 2007 et 2013). L’augmentation durable du coût des matières premières utilisées dans l’alimentation des caprins, des aléas climatiques de plus en plus fréquents, une demande de la part des consommateurs et citoyens de produits respectueux de l’environnement, mettent la question de l’autonomie alimentaire et protéique des exploitations caprines au cœur des préoccupations des éleveurs et des filières.
- Le revenu de l’éleveur augmente avec l’autonomie alimentaire
Inosys-Réseaux d’Élevage suit chaque année 130 élevages caprins, en tant que fermes de référence. L’analyse des données technico-économiques récoltées entre 2007 et 2013 chez les éleveurs caprins laitiers (hors pastoraux) montre que lorsque le niveau d’autonomie alimentaire augmente, le coût global de l’alimentation des chèvres diminue et la rémunération de l’éleveur augmente. Entre les éleveurs peu autonomes (moins de 40 % d’aliment de la ration des chèvres produit sur l’exploitation) et des éleveurs très autonomes (plus de 70 %), on constate une diminution de 60€/1000L du coût nourri et une augmentation de 70€/1000L de lait produit de la rémunération permise pour l’éleveur !
Chercher à améliorer ses revenus, via l’autonomie alimentaire, nécessite d’avoir une approche globale du système d’élevage. Les leviers d’action sont nombreux et complémentaires. Il peut s’agir de travailler sur la conduite de l’alimentation du troupeau, sur le choix des espèces végétales à cultiver, sur les rendements et la qualité des fourrages…
Travailler la thématique de l’autonomie alimentaire sur son exploitation est un enjeu fort pour l’éleveur de chèvre (comme le montre les chiffres précédents), mais l’objectif n’est évidemment pas d’atteindre 100 % d’autonomie ! L’enjeu est de trouver le bon compromis et la bonne adéquation entre son sol, son troupeau, les conditions de vie recherchées et la rémunération souhaitée.
Journée CapVert Atelier A_Autonomie alimentaire from Institut de l’Elevage on Vimeo.
Intervenants :
Nicole Bossis et Jérémie Jost (Institut de l’Élevage), Julia Chemarin (Chambre d’agriculture de la Vienne), Angélique Roué (Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres)