Pour produire du lait de chèvre avec de l’herbe pâturée, les principaux facteurs à prendre en considération concernent i) l’animal et sa capacité d’ingestion (format, potentiel de production), ii) la ration proposée (espèces fourragères, substitution fourrages-concentrés) et iii) la gestion du pâturage et du parcellaire (temps d’accès, biomasse offerte, …), qui seront eux-mêmes liées aux contextes pédoclimatiques et conditions météorologiques. En raison de la forte sensibilité des chèvres aux parasites du tractus gastro-intestinal, les choix de conduites de pâturage devront être raisonnés pour veiller à une gestion intégrée du parasitisme.
Pour produire du lait de chèvre avec de l’herbe pâturée, les principaux facteurs à prendre en considération concernent i) l’animal et sa capacité d’ingestion (format, potentiel de production), ii) la ration proposée (espèces fourragères, substitution fourrages-concentrés) et iii) la gestion du pâturage et du parcellaire (temps d’accès, biomasse offerte, …), qui seront eux-mêmes liées aux contextes pédoclimatiques et conditions météorologiques. En raison de la forte sensibilité des chèvres aux parasites du tractus gastro-intestinal, les choix de conduites de pâturage devront être raisonnés pour veiller à une gestion intégrée du parasitisme.
Malgré les intérêts liés à ce mode de valorisation de l’herbe, les informations concernant les modalités du pâturage caprin sont plutôt rares pour modaliser les niveaux d’ingestion au regard du nombre d’informations existantes sur le pâturage en filière bovine. C’est pourquoi, depuis 2015, des essais sont menés à l’Inra de Rennes (site de Méjussaume) sur les modalités en termes de temps d’accès et de quantité d’herbe offerte à des chèvres laitières au pâturage. L’objectif principal de cette étude est de disposer d’une large variabilité de réponse pour modéliser les niveaux d’ingestion de la chèvre avec de l’herbe pâturée. Les essais ont été menés sur des prairies multi-espèces de bonne qualité (0,91 UFL et 18 % MAT), aux printemps 2015 et 2016 avec des chèvres en début de lactation. Les premiers résultats montrent, qu’en l’absence de distribution de foin, à même quantité d’herbe offerte (2 ou 2,3 kg de MS, selon l’année) et même complémentation (1 kg de concentrés), la production laitière n’augmente plus au-dessus de 6-7 h d’accès, ainsi qu’au-delà de 2,5 kg MS d’herbe offerte avec 600 g de concentrés lorsque le temps d’accès n’est pas limitant (plus de 11 h d’accès). La chèvre sait donc s’adapter à différentes situations et il semble possible d’optimiser le temps d’accès et l’herbe offerte par rapport aux recommandations actuelles (9-10 h d’accès et 3 kg de MS d’herbe offerte).
A partir de ces éléments, qui mériteront d’être éprouvés sur le long terme dans le cadre de l’expérimentation-système Patuchev de l’Inra de Lusignan, il est possible de décliner plusieurs formes de pâturage. Selon le foncier disponible, l’organisation du parcellaire, la disponibilité et la pousse de l’herbe et, bien entendu, les choix de l’éleveur, un troupeau caprin peut être conduit au pâturage avec différentes modalités. Par exemple, pour une quantité d’herbe disponible identique, il peut être envisagé d’offrir chaque jour la surface correspondant au besoin (fil avant / fil arrière), de proposer une surface correspondant au besoin de plusieurs jours de pâturage (pâturage tournant rapide ou lent) ou encore de réaliser un pâturage sur l’ensemble de la surface avec un chargement instantané plus faible (pâturage continu). D’autres pistes peuvent également être imaginées en réduisant, par exemple, le temps d’accès (4-5 h / jour) en raison d’une pousse de l’herbe plus faible ou d’un manque de surface disponible mais, qui permettra d’augmenter le nombre de jours de pâturage. Toutefois, ce choix nécessitera une complémentation avec un autre fourrage et davantage de concentrés, ce qui augmentera légèrement le coût de la ration.
Grâce au suivi technico-économique réalisé par les entreprises du réseau Conseil Elevage chez des éleveurs caprins de l’Ouest (synthèse BTE-GTE 2015), on constate que pour 7 élevages valorisant l’herbe au travers du pâturage, la production laitière est certes, inférieure de 19,5 % par rapport aux élevages de la moyenne régionale (707 vs 845 L / chèvre / an) mais, la quantité de concentrés et déshydratés distribués annuellement par chèvre diminue de 31 % (358 vs 469 kg / chèvre / an), ce qui permet de réduire le coût alimentaire (- 7 %) et d’augmenter la marge brute en moyenne de 11 % (493 vs 444 € / 1000 L).
Le pâturage est donc un mode de valorisation de l’herbe qui est peu coûteux et qui, malgré une production laitière plus faible, permet d’obtenir des résultats économiques intéressants. Toutefois, cette technique nécessite tout d’abord de disposer de la surface nécessaire (7 à 9 chèvres / ha de SFP), de disposer et gérer des prairies de qualité (quantité et valeur alimentaire), d’appliquer un mode de pâturage favorisant l’ingestion d’herbe et, de veiller à mettre en place des actions pour une gestion intégrée du parasitisme gastro-intestinal.