Retrouvez tous les mois les conseils techniques et pratiques des conseillers du réseau REDCap sur la conduite du troupeau caprin et la valorisation de la prairie ! A retrouver dans la presse agricole départementale de Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire.
En début de saison d’affouragement, il faut « sortir l’autochargeuse le plus tôt possible » !
Il faut débuter l’affouragement en vert le plus tôt possible, afin de ne pas se laisser dépasser par l’herbe ! L’affouragement peut démarrer dès la somme des températures de 300° jour atteint (base 0-18°, à partir du 1er février). Cette période se situera à priori cette année vers mi-fin mars. Sur quelles parcelles débuter l’affouragement en vert ? Concrètement, il faut choisir les parcelles portantes, proches du bâtiment et avec de l’herbe disponible. Avec 10 cm d’herbe dans la parcelle, il est grand temps de sortir l’autochargeuse. Comment gérer la transition alimentaire ? Lors du début de l’affouragement en vert, il faut veiller à augmenter progressivement la quantité d’herbe verte, sur 2 à 3 semaines. Cette augmentation doit représenter un ajout d’environ 4 kg de matière brute de vert par semaine. Les refus seront minimes durant cette période, autour de 0-5%. Durant cette phase de transition, une surveillance attentive du troupeau est nécessaire, afin d’adapter la ration si nécessaire (en cas de diarrhées par exemple). Les apports en concentrés protéiques peuvent être également diminués, en lien avec un apport d’herbe fraîche riche en azote. Il faut donc revoir la ration.
Jérémie Jost (Institut de l’Elevage) et les conseillers du REDCap
Février 2018 : http://agri79.reussir.fr/actualites...
La mise à l’herbe des chèvres : « Lait’s go » au pâturage !
La date de la mise à l’herbe se raisonne en fonction du départ en végétation et de la croissance de l’herbe. La mise à l’herbe doit anticiper la pousse pour pouvoir maîtriser la qualité de l’herbe. Le déprimage (pâturage d’une herbe jeune, avant le stade de 10 cm pour les graminées) est souhaitable, hormis certaines parcelles récemment implantées. Le déprimage va permettre de retarder l’épiaison ou le bourgeonnement de quelques jours en favorisant le tallage. La qualité de l’herbe sera alors meilleure. Cela permettra également de faire une transition alimentaire plus longue. La sortie des chèvres peut se faire dès 330° jours, c’est-à-dire fin mars cette année. Cette date doit prendre en compte également les conditions météo, et un éventuel « retour hivernal fort » ou non dans les 5 jours à venir (comme nous l’avons connu cette année vers le 17-20 mars). Du vent, du froid combiné à de l’humidité dans l’air peut retarder la sortie des chèvres. Une transition alimentaire doit être réalisée pendant environ 2-3 semaines, en visant 0.8 à 1 kg de MS de concentré distribué au maximum (pour 7-8h de pâturage au moins). L’herbe jeune contenant beaucoup d’azote soluble, riche en eau et pauvre en cellulose, la ration devra en prendre compte avec un fourrage grossier, mais de bonne qualité en chèvrerie (viser 10 à 20% de refus). Une surveillance fine du troupeau (diarrhées, rumination...) permettra d’apporter des réponses rapides en cas de soucis. En cas de pâturage d’espèces météorisantes (luzerne par exemple), un léger repas de fourrage grossier et appétant (200 à 400 g) le matin au préalable de l’herbe peut être sécurisant.
Jérémie Jost (Institut de l’Elevage) et les conseillers du REDCap
Faire du bon enrubannage
L’enrubannage est réputé pour avoir une conservation risquée et plus sensible aux risques sanitaires mais ce n’est pas une fatalité. S’il est bien conservé, les risques ne sont pas plus élevés que pour le foin. L’objectif de l’enrubannage est de chercher de la valeur alimentaire à un stade précoce de la plante. Il est conseillé de faucher à 7-8 centimètres, d’une part pour éviter de ramasser de la terre, donc limiter les risques de listeria, et d’autre part pour garantir un séchage plus rapide et une bonne reprise du fourrage. Un autre critère important est le pourcentage de matière sèche. Il doit idéalement être à 55-60 %. Mais la fenêtre météo étant courte il vaut mieux presser avant s’il y a risque de pluie. Il faut aussi veiller à faire des balles denses et régulières afin de chasser l’oxygène au maximum. Lors du filmage des bottes, il est important de ne pas percer le film plastique. Il doit bien coller à la botte afin de ne pas laisser de bulles d’air. Aussi il ne faut pas filmer sous la pluie. Il est indispensable de mettre le bon nombre de couches : 4-6 minimum pour les graminées et 6-8 pour les légumineuses. L’enrubannage ne doit pas se faire plus de quelques heures après le pressage afin d’éviter le développement des bactéries aérobies. Il est préférable de ne pas déplacer les bottes en dehors du jour de leur confection ou de celui de leur utilisation. L’enrubannage peut être utilisé dès que la fermentation a eu lieu, ce qui se fait en 4 à 6 semaines. Dans l’idéal les bottes ne doivent pas être gardées plus d’un an.
Jérémie Jost (Institut de l’Elevage) et les conseillers du REDCap
Faire du bon foin pour les chèvres !
Faire du bon foin pour les chèvres, c’est faucher l’herbe verte avec le meilleur compromis entre rendement et valeur alimentaire, tout en limitant les pertes au champ. Quatre paramètres jouent fortement sur ces éléments : le stade de récolte, les conditions météorologiques, le matériel choisi et la hauteur de fauche. Les pertes en protéines dans les légumineuses sont rapides avec le fleurissement de la plante : entre le stade début bourgeonnement (apparition de quelques bourgeons – stade idéal pour l’enrubannage), le stade bourgeonnement (50 % de bourgeons au champ – stade idéal de récolte en foin), les pertes en protéines d’une luzerne ou d’un trèfle violet sont de 1,5 à 2 % de MAT. Si le stade floraison est atteint, une perte de 2,5 à 3 % de MAT s’ajoute ! Récolter avant l’apparition de 50% des bourgeons des légumineuses dans la prairie est donc essentiel. Les conditions météorologiques favorables (temps sec et léger vent) permettront un séchage rapide et efficace, tout en limitant la durée de présence au champ de l’herbe. Les pertes de biomasse moyenne de l’herbe sont de 15 à 24 % pour un foin réalisé par beau temps et entre 30 et 50% en cas de mauvais temps. Au besoin, ne pas hésiter à faucher sous la pluie, si une fenêtre météo favorable arrive les jours suivants. Une fauche à 7-8 cm limitera l’ajout de terre, favorisera le séchage par circulation de l’air sous l’herbe fanée et le redémarrage de la prairie, tout en limitant les pertes (60 kg de MS/cm/ha). Le matériel utilisé devra être le moins agressif possible (faneuse à toupie à vitesse ralentie, andaineur soleil) pour conserver un maximum la feuille.
Jérémie Jost et les conseillers du REDCap
Pourquoi pas un semis de ma prairie sous couvert ?
Réfléchir au choix des espèces à implanter cet automne pour vos prairies multi-espèces, cela se raisonne et s’anticipe dès à présent ! Un semis de printemps est plus favorable aux légumineuses, mais il réduit la production de l’année du semis avec un risque accru de salissement et de pertes liées à une sécheresse printanière. Le semis d’automne permet une production au printemps suivant, ainsi qu’une couverture hivernale du sol. Mais les risques de gelées sont plus importants, et la période (jours décroissants, température en baisse) sont moins favorables aux légumineuses. L’idéal est de semer avant une légère pluie. Les stades repères à atteindre pour limiter les impacts négatifs des gelées hivernales ou d’une sécheresse printanière sont le stade 4-5 feuilles pour les graminées et le stade 2-3 feuilles trifoliées pour la légumineuse. Concrètement, dans l’Ouest, un semis d’automne de légumineuse doit se faire fin août ou tout début septembre et un semis de printemps entre mi-février et début avril. Un semis sous couvert (tournesol, céréale de printemps, méteil par exemple) peut sécuriser l’implantation à l’automne ou au printemps. Une implantation de la culture annuelle et de la prairie courant octobre est alors possible. Les essais réalisés à la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou montrent que l’impact est nul ou positif sur le rendement de la céréale en fourrage et que l’impact est nul à faible (-30 %) sur le rendement de la céréale en grain. Cette conduite permet également de limiter le salissement, de contourner l’aléa « fin d’été sec », tout en assurant une bonne implantation de la prairie, notamment des légumineuses. Un calcul gagnant pour la prairie et la culture !
Jérémie Jost et les conseillers du REDCap
Du bonus de fourrages pour nos chèvres, avec les dérobées semées en été
L’implantation de dérobées fourragères après la moisson sécurise le stock fourrager en élevage caprin. Un semis avant le 1er août de cultures gélives (colza fourrager, trèfles d’Alexandrie et de perse, pois et vesce fourragers, RGI alternatif, sorgho) permettra de produire du fourrage pour la fin d’été et l’automne. Ces cultures sont très dépendantes de la pluviométrie : c’est quitte ou double ! Un peu d’irrigation peut sécuriser l’implantation. Un semis entre le 15 août et le 15 septembre d’espèces moins gélives permettra d’avoir du fourrage à l’automne et au début de printemps (trèfle violet ou incarnat, RGI non-alternatif, RGH…). L’idéal est de mélanger graminées/céréales et légumineuses pour avoir un fourrage plus riche et qui sèchera mieux. Semez directement après la moisson. Si la parcelle est « sale », un déchaumage est conseillé. Le roulage après semis est essentiel pour limiter l’évaporation et favoriser le contact sol-graine. Un mélange Ray-Grass italien (15 kg/ha) et trèfle incarnat (10 kg/ha) permettra un rendement en début de printemps d’environ 3 t de MS/ha, avec une valeur en vert de 17 % de protéines (MAT). Un colza fourrager implanté en août (9kg/ha) sera valorisé durant l’automne, où 3 t MS pourront être récoltées en vert, à 13 % de MAT.
Jérémie Jost et les conseillers du REDCap