Augmentation du prix des intrants, limitation des produits phytosanitaires, production des aliments pour les chèvres à la ferme, changement climatique : les enjeux sur les cultures sont forts. Or les élevages de chèvres disposent de multiples atouts : production de fumier/compost, culture de prairies riches en légumineuses (luzerne, trèfles, ...), rotations longues...Venez optimiser vos rotations sous un angle agronomique, pour le bien des chèvres également.
80 % des systèmes caprins de l’Ouest sont en polyculture-élevage. Construire une rotation, c’est-à-dire un enchainement de cultures, sur une même parcelle, de familles différentes demande de prendre en compte les objectifs de l’agriculteur : « produire des fourrages et des grains », tout en « respectant » les contraintes du milieu (climat, gestion des bio-agresseurs des cultures), en optimisant le potentiel du sol.
En Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire, de nombreuses cultures peuvent être implantées et être intéressantes pour les chèvres : le tournesol, les protéagineux (féverole, soja, pois, …), le maïs dans des parcelles avec une réserve utile (hydrique) suffisante ou l’orge et les méteils. La graine de tournesol (variété classique, non oléique) peut être utilisée pour augmenter les teneurs en matières grasses des rations caprines assez pauvres (rations à base d’herbe notamment) et pour améliorer les taux butyreux du lait (80 et 100 g par jour et par chèvre permet d’augmenter de 1,8 point le taux de gras de l’ingéré. Il suffit donc d’implanter 2 ha de tournesol/an pour un troupeau de 250 chèvres ! Les méteils et protéagineux permettront une production de protéine sur l’exploitation, consommé tel que par les chèvres. Des travaux du REDCap ont montré que les méteils peuvent permettre de produite un aliment à 1 UFL, au moins 18 % de MAT et à 35 qx/ha. Un toastage peut permettre une meilleurs valorisation de la protéine par les chèvres.
Intégrer des légumineuses fourragères dans la rotation permettra de limiter les apports nécessaires en azote minérale dans la rotation. En effet, ces dernières valorisent l’azote atmosphérique grâce à leurs nodosités. Cela permet également de rendre disponible de l’azote pour les cultures suivantes : 250 kg/ha après une luzerne et 150 kg/ha après un trèfle. Cela peut permettre de diminuer de 20-40 unités d’azote minérale apporté à la céréale après une prairie (durant 2-3 ans) sans perte de rendement. La culture de protéagineux permettra également de diminuer les besoins en azote au niveau de la rotation. Le compost est un engrais de fond produit dans les systèmes en polyculture-élevage. Il est issu de la dégradation en milieu aérobie du fumier. Le compostage permet de produire, par des effets mécaniques (retournement et broyage) et par la fermentation, un produit émietté et homogène, sans odeur, sain et perdant peu d’azote une fois épandu. Si la température du compost dépasse les 50°C, les bactéries pathogènes, certaines graines d’adventices, les larves et œufs de parasites gastro-intestinaux sont éliminées. Depuis plusieurs années, des références sur les composts caprins sont acquises sur le dispositif expérimental Patuchev (INRAE). 122 composts ont été analysés. Par rapport à du fumier de chèvre, en matière brute, le compost de chèvres est deux fois plus riche en azote, similaire en phosphore et quatre fois plus élevé en potassium. On retrouve ainsi 12 kg/t d’azote, 7 kg/t de phosphore et 29 kg/t de potassium. Sa teneur plus importante en soufre offre également un atout particulier pour maintenir des légumineuses, augmenter le rendement, et assurer un meilleur équilibre entre espèces.
La diversification des cultures implantées (nombre de cultures et certaines cultures en mélange tels que les méteils), l’alternance de cultures d’automne (méteil, céréales à paille) et de printemps (notamment le tournesol) et surtout la présence de prairies permettront d’allonger les rotations et de les diversifier. Ceci limitera les besoins en traitements phytosanitaires, en lien avec des itinéraires techniques pertinents.