Préparation à la reproduction, mode et dates de reproduction, suivi des mises-bas... l’augmentation des températures printanières et estivales amène à se questionner sur les modalités de gestion de la reproduction des chèvres et des boucs que ce soit en contre-saison, en avance de saison ou en saison sexuelle. Différentes stratégies seront discutées : adaptation de la période de reproduction et de mises-bas, adaptation du bâtiment...
Quelle que soit la période, les résultats de reproduction peuvent être impactés par des fortes chaleurs. Les effets sur les boucs, chèvres et chevreaux sont d’ordre physiologiques, métaboliques et comportementaux. Des changements de conduite peuvent permettre de s’adapter à court terme mais la prévention passe, elle, par des aménagements plus importants.
Les données climatiques de la station météo de Niort – Souche (79) ont été comparées entre les années 1995-2000 et 2015-2020. Entre avril et septembre, les températures ont augmenté, ainsi que le nombre de jours avec une température maximum supérieure à 25°C ou à 30°C, le nombre de nuits où la température ne baisse pas en dessous de 20°C. Mais les effets sur les animaux et leur reproduction peuvent être différents en fonction des extrêmes observés, du nombre de phénomènes stressants, de l’humidité, du vent et de la soudaineté ou non de ces fortes chaleurs. Quelle que soit la période de reproduction, les chèvres peuvent se trouver à un stade sensible (mises-bas, préparation à la reproduction, reproduction) lors des mois qui peuvent causer du stress thermique. Tous les animaux, chèvres, boucs, chevreaux sont affectés par le stress thermique : l’ingestion baisse, la fréquence respiratoire augmente ainsi que la consommation d’eau, ils passent plus de temps couché. Ces effets s’accompagnent d’un risque de déshydratation et d’acidose. Le stress thermique cause une baisse de fertilité chez les mâles et les femelles en lien avec des effets physiologiques sur les hormones et la production de gamètes mais aussi des effets sur le comportement sexuel. La compétition autour des abreuvoirs, une baisse de motivation au moment des repas, un halètement prononcé, des signes de déshydratation doivent alerter l’éleveur sur l’inconfort ressenti par les animaux.
Des stratégies d’adaptation peuvent être mises en œuvre pour limiter l’inconfort des animaux et l’impact sur la production. La conduite de l’alimentation peut être ajustée (horaires, répartition, part de concentrés…) et l’accès à l’eau surveillé de près car la consommation augmente très fortement avec la température. Pour la reproduction, il vaut mieux éviter les périodes les plus à risque (mises-bas de fin d’été, reproductions début aout) tout en adaptant les chantiers : horaires et organisation des inséminations, durée de présence et ratio de boucs. Dans les bâtiments, il faut ventiler autant que possible dès qu’on dépasse les 25°C, anticiper les curages de fumier avant les périodes chaudes et respecter les recommandations de chargement.
Les stratégies de prévention impliquent une réflexion de l’aménagement des bâtiments. Un diagnostic du bâtiment est un préalable indispensable pour éviter de mettre en œuvre des solutions coûteuses et non adaptées à la situation. Les aménagements possibles concernent en premier lieu l’isolation de la toiture, puis les possibilités de ventilation, la brumisation, la végétalisation et l’accès à l’extérieur. Pour la conception de bâtiments neufs, l’isolation est devenue systématique. Le choix des matériaux, la hauteur des murs, les entrées de lumières, la circulation des animaux sont des éléments à prendre en compte pour limiter la température dans les bâtiments et le déchargement pendant la nuit de la chaleur accumulée le jour.