Les mélanges céréales-protéagineux (communément appelés méteils) sont des cultures annuelles associant une ou plusieurs céréale(s) et protéagineux. La récolte peut être effectuée en fourrage (à un stade immature) ou en grain. Les complémentarités entre les deux espèces ont ainsi des intérêts à la fois d’ordre agronomique (rendements plus réguliers, voire supérieurs, bonne compétitivité aux adventices, meilleur valorisation de l’azote, résistance aux maladies et à la verse) et zootechnique (aliment plus équilibré, gain d’autonomie protéique vis-à-vis d’une culture de céréales pures). Dans le cadre de la recherche d’autonomie alimentaire et protéique, de cultures bas-intrants et pertinentes pour les rotations, les méteils sont une solution technique intéressante pour répondre aux enjeux des éleveurs et de l’agroécologie. Ici, nous nous intéressons uniquement aux méteils récoltés en grain.
Dans le cadre des travaux du REDCap, 60 échantillons de méteils ont été suivis en 2016 et 2017 chez des éleveurs de chèvres de Nouvelle-Aquitaine et des Pays-de-la-Loire. Ces mélanges sont généralement constitués de triticale et de pois fourrager, complétés dans la moitié des cas par de la féverole, de l’avoine et/ou de la vesce. Les mélanges ainsi constitués sont souvent composés de 2 ou 3 espèces (50 % des méteils suivis) ou de 4 à 6 espèces (48 % des mélanges). Une diversité de mélanges existe, avec un nombre, un choix d’espèces et de densités de semis variables selon les conditions pédoclimatiques locales et l’expérience des éleveurs. Il y a autant de méteils que de parcelles !
65 % des méteils suivis ont été cultivés dans le cadre d’une conduite en agriculture biologique. Mais certains éleveurs en conventionnel cultivent également du méteil ! Il s’agit d’une culture bas-intrants : 65 % des éleveurs ne font aucune intervention entre le semis et la récolte ! Le semis est réalisé à l’automne, entre le 15 octobre et le 15 novembre, suite à un travail du sol systématique (labour et/ou déchaumage). Le semis est réalisé en ligne, en un passage, avec en moyenne 10 % de graines de protéagineux semés (en nombre de graines). Le rendement moyen sur deux années de ces mélanges est de 30 qx/ha, en notant toutefois que 2016 fût une année de faible rendement pour de nombreuses cultures.
L’analyse biochimique montre que les méteils récoltés avaient une valeur en protéines de 16 % en moyenne, et 1 UFL. Il s’agit donc d’un aliment riche en protéines, qui est valorisé « tel que » par les éleveurs. 100 kg sont distribués par chèvre et par an ! Il s’agit également d’un aliment à coût de production faible, car son prix de revient (hors main d’œuvre) est estimé à 150 €/t de MS (selon la méthode Pérel). Un bon stockage est en revanche nécessaire pour assurer la conservation de la qualité du méteil toute l’année.
L’analyse biochimique montre que les méteils récoltés en 2017 ont une valeur en protéines de 14 % en moyenne, et 1 UFL. La valeur protéique est un peu plus faible cette année, mais les rendements sont plus importants : 15 qx/ha en plus qu’en 2016.
En 2016, parmi les méteils ayant produit les rendements les plus élevés (39 qx/ha) et avec la meilleure valeur en azote (18,7 % de MAT – des valeurs de chèvre laitière 18 !), on retrouve des mélanges à base de féverole (+triticale, avoine, pois fourrager, vesce). Ce protéagineux sécurise le développement du mélange par son port dressé et rigide, qui servira de tuteur aux autres protéagineux. Il s’agit également d’une espèce riche en protéines : 25 % de MAT. Ce mélange est semé en moyenne à 295 graines/m², avec 10 % de graines de protéagineux. Le semis est réalisé en ligne avec un seul passage, ce qui n’est théoriquement pas favorable à la féverole qui nécessite un semis plus profond (6-8 cm). Idéalement, un semis à la volée de la féverole, suivi d’un labour et d’un semis en ligne du reste du mélange ou un semis à deux profondeurs du mélange est à privilégier… Mais cela représente un coût et un temps de travail que les éleveurs ne réalisent pas souvent. Distribué tel que aux chèvres, ces méteils sont consommés sans trop de difficulté, notamment quand le mélange n’est pas trop sec.
Intervenants : Théophane Soulard (ACE17-85), Viriginie Tardif (ECLA), Etienne Guibert (CA85), Jérémie Jost (Idele-REDCap)